L'état de la France en 2017

La crise identitaire : mondialisation et multiculturalisme

L'Islamisme radical

On n'endiguera pas le terrorisme islamiste avec des bougies et des bouquets de fleurs, ni en illuminant la tour Eiffel, mais avec une stratégie ferme, claire et lucide.

Sébastien Le Fol dans le Point du 24 Août 2017

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Crispations religieuses face à la modernité

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L'Inquisition espagnole fondée en 1478, puis l'Inquisition romaine fondée en 1542, ont été des réactions violentes de l'Eglise Catholique face à la modernité de la Renaissance à la fin du XVe siècle, puis au cours de XVIe siècle.

Cinq siècles plus tard, le radicalisme islamique est à son tour une réaction violente contre la modernité occidentale à la fin du XXe siècle, puis au cours du XXIe siècle.

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La France coloniale se focalise sur l'islam des marabouts

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1867 : Le cardinal Lavigerie est nommé évêque d'Alger. L'Eglise catholique fait de la Kabylie une terre de mission. C'est une région qui deviendra très éduqué.

1871 : On bascule progressivement vers une Algérie des colons.

Les Kabyles se révoltent, refusant d'être administrés par les colons. Soudain, des dizaines de milliers de cavaliers convergent vers Alger, qui manque d'être prise. La France doit mobiliser 100.000 hommes, elle fait des dizaines de milliers de morts, la Kabylie est ravagée, de nombreuses terres passent aux mains des Alsaciens-Lorrains, qui viennent d'être envahis par les Prussiens.

Les Français sont obnubilé par l'ennemi confrérique, cet islam des campagnes de la rébellion de 1871. La France se focalise sur la menace de cet islam des marabouts

1877 : Lorsque Ferry arrive au pouvoir et découvre la présence très forte de l'Eglise en Kabylie, il répond en y ouvrant de nombreuses écoles laïques, d'où cette suréducation d'une Kabylie très francophone. C'est ce qui explique que près des 3/4 des migrants algériens  en métropole sont kabyles.

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1882 : Naissance du salafisme en Egypte

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Les salafistes ont une interprétation très littérale du Coran. Ils sont "intégristes" au sens où ils veulent respecter à la lettre les injonctions du courant, mais ils se considéraient à l'origine hors de la sphère politique. Le salafisme naît lorsque la colonisation fait tomber l'emprise du pouvoir politique du Sultan Ottoman sur les religieux. A cette époque, les salafistes optent pour une séparation de la religion et du nouvel Etat colonial, ce qui leur laisse toute liberté pour organiser la résistance culturelle et religieuse au plus profond de la société égyptienne.

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Pierre Vermeren dans le Point du 23 Mars 2017

Le salafisme naît suite à la conquête coloniale de l'Egypte par le Royaume-Uni

Les Sultans interdisaient toute réflexion religieuse. Il ne pouvait y avoir de théologie.

Lorsqu'en 1882 l'Egypte tombe aux mains de l'Angleterre, le Sultan perd une grande partie de son autorité et les imans se demandent ce qu'ils ont fait à Dieu pour mériter cela. "Avons nous été de mauvais musulmans ?" C'est le début d'un questionnement et d'un retour à la tradition, la salafiya, opéré par les oulémas d'Al-Azhar au Caire. Ce salafisme se diffuse progressivement dans tout le Maghreb.

La France fait l'erreur d'aider à se développer le salafisme pour lutter contre l'islam des campagnes

Les Français sont obnubilé par l'ennemi confrérique, ce premier islam des campagnes de la rébellion de 1871. La France se focalise à tord sur la menace de cet islam des marabouts et joue la carte des réformistes salafistes sans comprendre qu'elle se trompe d'ennemi.

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1928 : Naissance des Frères Musulmans en Egypte

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46 ans après la mainmise coloniale des Britanniques sur l'Egypte, une nouvelle génération de musulmans comprend que la culture démocratique occidentale lui procure un moyen d'acquérir un pouvoir politique. Les Frères Musulmans veulent arriver au pouvoir, par le bas en se créant une base politique auprès des plus démunis via tout un système d'organisations caritatives, par le haut en présentant ses cadres aux élections législatives. Ce projet politique fait que les Frères Musulmans ont une approche pragmatique de l'islam, moins rigoriste que celle des Salafistes.

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source wikipedia

1928 : Hassan el-Banna, instituteur Egyptien, crée la Société des Frères musulmans à Ismaïlia dans le nord-est du Caire.

Déterminé à lutter contre « l’emprise laïque occidentale et l’imitation aveugle du modèle européen », son mouvement débute comme une simple association locale de bienfaisance mais rapidement se donne un but politique, celui d’instaurer un grand État islamique fondé sur l’application de la charia.

1931 : Création de l'Association des oulémas algériens. L'administration française, obnubilée par l'islam des campagnes qui avait animé la résistance à la conquête de 1830 puis la révolte de 1871,  favorise la diffusion du salafisme en Algérie.

1933 : Lors de son premier congrès, l’organisation comptait 2 000 militants, un an plus tard ils sont 40 000, et en 1943 la confrérie compte plus de 200 000 militants.

1935 : L’organisation entre en contact avec Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem.

1936 : Indépendance du Royaume d'Egypte. Les Britanniques se retirent d'Egypte, à l'exception du Canal de Suez qu'ils continuent de contrôler. Les Frères Musulmans participent à l'insurrection arabe de Palestine.

1945 : Saïd Ramadan crée une branche armée arabe de Palestine du mouvement, qui a pour objectif de combattre le mouvement sioniste.

1948 : De nombreux militants de la confrérie des Frères Musulmans participent à la Guerre israélo-arabe suite au partage du territoire par l'ONU après le départ des Britanniques.

28 Décembre 1948 : l'« appareil secret » des Frères musulmans (branche paramilitaire de l'organisation appelée aussi l'« organisation spéciale ») assassine le Premier ministre égyptien de l’époque, Mahmoud an-Nukrashi Pacha. En représailles, l'organisation est interdite.

12 Février 1949 : Le fondateur des Frères Musulmans Hassan, el-Banna, est assassiné par les agents du gouvernement.

1952 : Les frères Musulmans participent au coup d'Etat militaire des "officiers libres", dirigés par Néguib et Nasser. Le nouveau pouvoir militaire met fin à un Royaume d'Egypte pro-américian, pour instaurer une République d'Egypte "non alignée".

Dans un premier temps, Nasser envisage de constituer un gouvernement d'union nationale avec la confrérie des Frères Musulmans, mais il se brouille rapidement avec eux.

Les États-Unis s’intéressent aux Frères musulmans comme alliés potentiels contre Nasser et l’établissement de régimes communistes ou socialistes au Moyen-Orient.

Sayyed el Qotb crée l'idéologie du jihadisme

1953 : Sayyed el Qotb intègre la confrérie des Frères Musulmans. Très anti-occidental et anti-soviétique, il y diffuse son idéologie du jihadisme pour propager un « jihad offensif », ou djihad de conquête, djihad armé dans l'avancée de l'islam. Il veut combattre les valeurs occidentales et radicaliser les communautés musulmanes en Europe et en Union Soviétique.

Les Frères Musulmans à l'origine d'un chiisme politique en Iran

1954 : Au Caire, les Frères musulmans égyptiens et leur prédicateur vedette, Sayyed Qotb, ont fusionné leur organisation avec le groupe iranien des Fedayin de l’Islam, dirigé alors par Navvab Safavi. Dès lors, ce mouvement sera appelé en Iran les Ikhuan al-Muslimin. À la mort de Safavi, exécuté par le régime du shah en 1955, ces derniers prennent pour guide l'ayatollah Khomeini. Ils lui apporteront alors toute la doctrine de la Confrérie égyptienne, même si celle-ci est en parfaite rupture avec le chiisme traditionnel, qui n'incitait pas à la révolution ni à la mise en place d'un gouvernement islamique en Iran. L'idéologie de Qotb (traduit en persan par Ali Khamenei dans les années 1970) sera alors reprise dans les fondements de la Révolution islamique. Un timbre en l'honneur de Qotb sera émis en 1984 par la République islamique d'Iran.

Nasser expulse les Frères Musulmans d'Egypte

26 Octobre 1954 : Attentat contre Nasser à Alexandrie, qui fait à nouveau interdire l’organisation. Près de 20 000 militants sont incarcérés.

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1954 : Les Frères Musulmans se réfugient en Arabie Saoudite

Pierre Vermeren - Le Figaro - 8 Juillet 2017

Depuis Sayyed et Qotb, l'objectif de la confrérie est de détruire les régimes à leurs yeux faussement musulmans pour imposer le règne direct de Dieu sur terre, un califat unificateur ou à défaut des Républiques Islamiques.

Face à l'Egypte Nassérienne, l'Arabie Saoudite est devenue en 1954 le protecteur des Frères. Des dizaines de milliers de Frères ont instruit, administré et ré-islamisé l'Arabie Saoudite, qui a financé en retour leur développement mondial. 

En Arabie Saoudite  la fusion entre l'organisation des Frères Musulmans et l'intégrisme des Salafistes donne naissance au Wahhabisme. Comme les Frères Musulmans, les Salafistes s'inscrivent désormais dans une volonté de conquête politique. Comme les Salafistes, les Frères Musulmans se radicalisent et veulent rompre avec le reste du monde. Le projet politique consiste désormais à isoler les communautés musulmanes du reste de la société, aussi bien dans les pays musulmans "impies" qu'en Europe, pour mieux les radicaliser. 

Fin des années 50 : il règne un ordre salafiste dans les zones des combats des Aurès et de Kabylie (appelé alors islahiste).

1962 : Le FLN, constitué de soldats car beaucoup d'intellectuels ont été tués durant la guerre, confie les clés de la société aux salafistes. 

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"L'Arabie Saoudite est le géniteur idéologique de Daech"

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Pierre Conessa dans le Point du 20 0ctobre 2016

Pierre Conessa est un ancien fonctionnaire au ministère de la Défense, auteur de "Docteur Saoud et Mister Djihad" (Robert Lafon)

Dès la création du royaume, le djihad a été le moteur idéologique de l'identité saoudienne. Au nom de cette justification religieuse, les Saoud ont lancé la guerre contre les autres tribus arabes pour unifier la péninsule et créer leur dynastie, puis ils ont fait de même contre l'empire Ottoman. Dans les livres scolaires saoudiens, le djihad est décrit comme une geste héroïque et noble. Voilà pourquoi les Saoudiens ont toujours représenté le contingent étranger le plus important au sein des Talibans, des commandos du 11 Septembre (15 des 19 terroristes), ou de Daech. Le salafisme quiétisme n'est rien d'autre qu'une préparation psychologique à la violence.

Au-delà de la politique officielle du royaume, qui a financé le djihad contre les soviétiques en Afghanistan dans les années 1980, une myriade de fondations, d'associations et d'ONG vibrionnent et financent des projets opaques. La ligue islamique mondiale, créée par l'Arabie Saoudite, a distribué beaucoup d'argent, parfois détourné par le passé pour financer le djihad. Des ONG humanitaires sont parfois le faux nez de groupes terroristes comme le Lashkar- Taiba pakistanais qui a organisé les attentats de Bombay. Une chose est néanmoins sûre : l'Arabie Saoudite est à l'origine de Daech sur le plan idéologique. Car elle a créé le wahhabisme, requalifié en salafisme par ses adeptes, une idéologie religieuse profondément sectaire, antisémite, raciste et mysogine, prétendant revenir au temps du prophète.

Fragilité de la dynastie des Saoud, qui diffuse le salafisme tout en faisant appel à la protection de l'Occident

Chaque fois que le régime des Saoud est en danger, il fait appel aux "mécréants" : les Occidentaux. Cela a déjà été le cas en 1979, lorsque des gendarmes français du GIGN ont libéré la Grande Mosquée d'étudiants islamiques radicaux ou, en 1991, lorsque les soldats américains ont contré l'invasion du Koweït par Saddam Hussein. Pour obtenir l'absolution des oulémas qui dénonçaient une "invasion de croisés" en terre d'islam, les Saoud ont laissé les coudées franches sur la diffusion du salafisme à l'étranger et sur la gestion de la société.

Le royaume refuse de combattre Daech, dont les thèses trouvent un écho favorable au sein d'une partie de la société ... / ... alors que le régime est directement attaqué par son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, qui conteste la légitimité religieuse des Saoud à contrôler les Lieux Saints. Plusieurs attentats ont ainsi déjà frappé le royaume. Le monstre créé par l'Arabie Saoudite est en train de se retourner contre lui.

La France combat le radicalisme, tout en protégeant son géniteur pour des raisons commerciales.

Le Proche et le Moyen-Orient représente les 3/4 des exportations d'armes de la France en 2015.

Principaux acheteurs d'armes de la France sur la période 2011-2015 :

Arabie Saoudite : 7,32 MD €
Qatar : 7,25 MD €
Egypte : 6,37 MD € (en grande partie payés par l'Arabie Saoudite)
La dépendance de l'industrie d'armement de la France vis-à-vis de l'Arabie Saoudite fait que la diplomatie française s'aligne sur celle du royaume saoudien.

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L'ordre Salafiste s'impose dans la société algérienne depuis la guerre d'Algérie

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Pierre Vermeren dans le Point du 23 Mars 2017

Après 1954, La France se trompe encore d'ennemi : les officiers rentrés d'Indochine, qui viennent de perdre la guerre face au Vietminh (le Parti Communiste vietnamien), et la classe politique française, obnubilée par Moscou, sont certains que le FLN est un support du communisme, ce qui est faux (en réalité le FLN était plus sous l'emprise des salafistes que des intellectuels communistes).

Dès la fin des années 50, dans les zones de combat des Aurès et de Kabylie, il régnait déjà un ordre salafiste (appelé alors islahiste) dans certains maquis : pas d'alcool, pas de musique, interdiction de fumer, sous peine de mort.

Les deux tendances (socialiste et salafiste) convergent après 1962, année où le FLN, constitué surtout de soldats, car beaucoup d'intellectuels ont perdu la vie durant la guerre, confie les clés de la société à ces salafistes.

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Années 70 : L'Arabie Saoudite exporte l'islam radical

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Après le premier choc pétrolier, riche de sa manne pétrolière, l'Arabie Saoudite fait du Wahhabisme un outil de leur soft power. Les fondations religieuses saoudiennes financent des mosquées radicales dans tous les pays musulmans et en Europe. L'Arabie Saoudite fait appel à des millions de travailleurs immigrés, qui une fois revenus dans leur pays d'origine diffusent l'islam radical du wahhabisme.

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Années 1980 : La montée en puissance de l'intégrisme islamique.

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Dix ans avant l'effondrement de l'Union Soviétique, c'est en 1979 que le réveil de l'intégrisme islamique a mit fin à la domination exclusive des deux grandes puissances :

« Washington a indirectement créé la plus grande plateforme terroriste de tous les temps. C’est là que Ben Laden a développé l’idée d’un émirat géographique localisé (l’Afghanistan des années 90, puis celui des Talibans à la fin de cette décennie) comme prélude à un califat universel grâce à ses cellules Al-Qaeda disséminées dans le monde entier » (diplomate à Alger dans le Point du 1er Septembre 2016)

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Août 1990 - Février 1991 : La première guerre du Golfe

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2 Août 1990 : Sadam Hussein envahit le Koweït pour s'emparer de ses ressources pétrolières, défiant l'ordre mondial mis en place depuis 1945 pour assurer l'approvisionnement en pétrole.

Les USA mobilisent une coalition de 34 pays, qui réunit des pays membres de l'Otan, un grand nombre de pays sunnites, des pays d'Europe de l'Est nouvellement indépendants et des pays d'Amérique Latine (Argentine, Honduras, Sierra Leone)) ou d'Asie (Corée du Sud, Singapour) qui dépendent de la Pax Americana pour leur approvisionnement en pétrole.

La neutralité de l'URSS et de la Chine au Conseil de l'ONU permet à la coalition américaine d'intervenir sous mandat de l'ONU.

En l'espace de six semaines, du 16 Janvier à la fin de Février 1990, l'offensive alliée anéantit l'armée de Sadam Hussein.

Le président Georges Bush père a pour doctrine de faire respecter l'ordre mondial, sans intervenir directement dans les affaires intérieures d'un pays. Il laisse au pouvoir Sadam Hussein fortement affaiblit par la défaite et permet aux Kurdes de constituer une zone autonome, sans pour autant accéder à l'indépendance. Par contre, les forces alliées n'interviennent pas lorsque Sadam Hussein lance une terrible oppression contre le soulèvement de la majorité chiite de la population irakienne.

Avril 1991 : Une résolution du Conseil de l'ONU permet l'envoi de denrées alimentaires et de fournitures médicales dans l'Irak sinistré, mais pas des matériaux nécessaires à la reconstruction du réseau électrique et d'eau potable détruits par les bombardements de la coalition (largage de 88 000 tonnes de bombes en 43 jours, ce qui est davantage que ce qui fut largué en 1943 par les Alliés).

Si en dehors des pertes militaires irakiennes, les bombardements ont causé des pertes civiles relativement limitées par rapport à leur ampleur, par contre la politique de sanctions causa un très grand nombre de morts en empêchant une reconstruction rapide de l'Irak dévastée.

Le président Georges Bush père à la sagesse de ne pas occuper l'Irak vaincu militairement. Par contre il positionne des troupes américaine en Arabie Saoudite pour dissuader le dictateur irakien de toute nouvelle aventure militaire.

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1990 : Rupture entre l'Arabie Saoudite et les Frères Musulmans

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Pierre Vermeren - Le Figaro - 8 Juillet 2017

En 1990, lors de la guerre du Golfe, les Frères Musulmans prennent fait et cause pour Saddam Hussein. Les Saoud chassent d'un coup des milliers de Frères, coupent leur aide financière, puis structurent contre eux des mouvements "salafistes"

Le Qatar nouveau protecteur des Frères Musulmans

Durant deux décennies (1991 - 2011), les Frères poursuivent leur expansion mondiale grâce au soutien du Qatar. Ce minuscule et richissime Etat devient leur banque mondiale et la diffusion de leur pensée se fait grâce à la première chaîne de télévision internationale arabe, al-Jezira, même si une subtile stratégie d'ouverture a pu masquer ce fait.  

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1991 - 2001 : L'Algérie en guerre contre la barbarie islamiste

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1983 : Mohamed Bouslimani, figure des Frères musulmans algériens, organise le recrutement et le transit de combattants algériens vers l’Afghanistan.

Mars 1989 : Abbassi Madani crée le Front Islamique du Salut

Février 1989 : Le dernier soldat soviétique quitte l'Afghanistan.

Les "Afghans algériens" retournent dans leur pays. Ils ont l’expérience de la guérilla, sont soutenus par des pays (Afghanistan, Arabie Saoudite), de puissants services de renseignement et les réseaux planétaires de fondations et d’ONG islamistes.

Septembre 1989 : Légalisation du FIS (Front Islamique du Salut)

Juin 1990 : Le FIS remporte les élections locales avec 54 % des voix, premier scrutin libre depuis l’indépendance, le 5 Juillet 1962. Le FIS prend le contrôle de 953 communes sur 1539 et de 32 wilayas (provinces) sur 481.

Mai-Juin 1991 : Le FIS appelle à une grève illimitée pour exiger une élection présidentielle anticipée.
Les affrontements entre islamistes et forces de l’ordre font des dizaines de morts. Etat de siège. Arrestation des dirigeants du FIS.

Selon la logique extrémiste, qui génère toujours des groupuscules encore plus extrémistes, les plus radicaux du FIS créent Le Jour du jugement. Alors que le FIS est en passe d'accéder au pouvoir par les élections, le Jour du jugement déclenche une guerre terroriste.

29 Novembre 1991 : Première attaque d’un groupe terroriste du Jugement dernier contre un poste militaire en Algérie. Le groupe des assaillants est majoritairement formé par des « vétérans » d’Afghanistan. Ayant vécus ensembles en Algérie, ces terroristes étaient très difficiles à infiltrer par les services secrets algériens.

Avec une administration corrompue et inefficace, le régime algérien confronté à une profonde hostilité d'une majorité de la population se trouve en grande difficulté face à une menace terroriste qui peut s'appuyer sur d'anciens combattants de la guerre d'Afghanistan. Mais le régime repose aussi sur les anciens combattants du FLN, qui connaissent parfaitement les pratiques de la guérilla dans les maquis et en zones urbaines. L'institution militaire, dernier rempart du régime contre l'offensive terroriste, reste solide, avec une armée de conscrits qui lui permet de garder le lien avec le peuple algérien.

26 Décembre 1991 : Le FIS remporte le premier tour des élections législatives (47,5 % des voix).

Janvier - Février 1992 : Démission du président Chadli Endjedid. Annulation du second tour des législatives, violences (70 morts), instauration de l’état d’urgence, dissolution du FIS.

Juin 1992 : Assassinat de Mohamed Boudiaf, président du Haut Conseil d’Etat, doté des pouvoirs du président de la République. Escalade de la violence.

Août 1993 : Apparition du sigle GIA

Fin 1993 : On estime à 15.000 le nombre de personnes tuées en un an.

L’émir du GIA Sid Ahmed Mourad, l’un des plus connus Algériens d’Afghanistans, allias Djaffar el-Afghani, fait assassiner le frère musulman Mohamed Bouslimani, qui une décennie plus tôt recrutait et organisait l’envoie de combattants algériens en Afghanistan.
Le gouvernement algérien profite de la rivalité meurtrière entre le GIA et les frères musulmans.

Février 1994 : Djaffar el-Afghani est éliminé par l’armée sur les hauteurs d’Alger.

Septembre - Octobre 1994 : Echec du dialogue entamé par le pouvoir avec le FIS. Mise en résidence surveillée des dirigeants du FIS, Abbassi Madani et Ali Belhadj. Les massacres continuent.

Décembre 1994 : Prise d’otages dans un Airbus d’Air France sur l’aéroport d’Alger. Les gendarmes du GIGN libèrent l’appareil sur l’aéroport de Marseille-Marignane, les 4 terroristes sont tués.

25 Juillet 1995 : Attentat revendiqué par le GIA dans le RER parisien : 7 morts, plus de 80 blessés. En attaquant directement la France, le GIA perd sa base arrière d'où il finançait la guerre terroriste en Algérie.

Mars 1996 : Sept moines français enlevés dans leur monastère de Tibhirine par le GIA de Djamel Zitouni.

Mai 1996 : Les 7 moines sont retrouvés égorgés.

Eté 1997 : Recrudescence des massacres, surtout dans les environs d’Alger (plus de 1.200 victimes). Les observateurs s’interrogent sur les responsabilités de l’armée.

Décembre 1997 - Janvier 1998 : Reprise des massacres avant le début du Ramadan. Plus de 1000 victimes. les violences se déplacent notamment vers l’Ouest de l'Algérie.

Novembre 1998 : Une scission au sein du GIA donne naissance au Groupe Slaviste pour la Prédication et le Combat (GSPC), dirigé pas Hassan Hattab. Cette nouvelle scission au sein des terroristes favorise le gouvernement algérien.

Avril 1999 : Bouteflika élu président

Septembre 1999 : La loi sur la « concorde civile », une amnistie pour les islamistes qui n’ont pas commis de crime de sang, annoncée par le président Bouteflika, est adoptée par référendum par 98,6 % de oui.
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La loi d’Amnistie prive les groupuscules terroristes de nombreux combattants et crée la suspicion parmi des extrémistes psychopathes qui voient des traitres partout.
L’Etat peut armer des groupes d’autodéfense dans les villages, qui en 1991 avaient largement votés pour le FIS, mais qui basculent du côté du gouvernement après les nombreux massacres terroristes dont ils ont été victimes dans tout le pays.

Juillet 2000 : Plus de 1000 personnes tuées depuis l’application de la loi en Janvier. Les terroristes se vengent sur le peuple algérien qui les abandonne.

Hiver 2000 - 2001 : Recrudescence des massacres, plusieurs centaines de victimes. Le peuple algérien bascule massivement en faveur du gouvernement et soutien sa lutte contre le terrorisme. Dans un environnement qui leur est devenu hostile, les groupuscules terroristes ont de plus en plus de mal à échapper aux groupes d'autodéfense des villages et des forces armées après s'être découverts pour commettre leurs crimes.

C'est désormais toute la nation algérienne qui se mobilise pour combattre un extrémisme religieux venu d'Arabie Saoudite. L'Algérie est le premier Etat dans le monde a avoir gagné une guerre contre la barbarie du XXIème siècle. Mais durant les 10 ans de crimes terroristes en Algérie, les pays occidentaux resteront sourds aux appels de l'Algérie pour une mobilisation internationale contre le terrorisme. Cet aveuglement conduira au 11 Septembre 2001.

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2001 : La guerre d'Afghanistan

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Depuis 1953, l'idéologie jihadiste de Sayyed  el Qotb a fixé aux Frères Musulmans 4 Objectifs :

Les Frères Musulmans ont bénéficié de l'aide de l'Occident dans leur lutte contre Nasser dans les années 50 et 60, puis dans leur lutte contre l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée Rouge.

Après le retrait de l'Armée Rouge d'Afghanistan, les groupes terroristes issus des Frères Musulmans disposent d'un Etat pour s'attaquer aux régimes arabes issus de la décolonisation et à la présence de l'Occident en terre d'Islam.

En 2001, l'échec de la prise du pouvoir par le terrorisme en Algérie conduit Ben Ladem à s'attaquer directement aux USA, son principal ennemi depuis l'implantation de bases américaines en Arabie Saoudite suite à la première guerre d'Irak.

L'attaque surprise du 11 Septembre 2001 (2.977 morts) cause le même choc en Amérique que l'attaque surprise de l'aviation japonaise contre la flotte de Pearl Harbor (2.403 tués ou disparus).

Les Talibans refusant de livrer Ben Laden, leur régime qui sert de base au terrorisme international depuis 10 ans s'effondre en quelques jours face à une coalition internationale sous mandat ONU.

La guerre d'Afghanistan est l'occasion pour le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et le vice-président Dick Cheney de faire remonter les dépenses militaires à leur niveau de la guerre froide.

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2003 : La deuxième guerre d'Irak

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Après la victoire sur les Talibans, Donald Rumsfeld et Dick Cheney ont besoin de déclencher une nouvelle guerre pour maintenir un budget militaire au plus haut.

Donald Rumsfeld profite du discrédit de la CIA après le 11 Septembre pour créer le Bureau des projets spéciaux (Office of Special Plans), placé sous l'autorité directe de Paul Wolfowitz, son secrétaire adjoint et géré par le sous-secrétaire à la Défense, Douglas Feith. Le travail de cette officine fut de falsifier le matériel fourni par la CIA et les renseignements militaires et d'apporter ses propres conclusions à la Maison-Blanche. Ce bureau fourni de fausses informations pour faire croire à une menace des armes de destruction massive en Irak.

La 2ème guerre d'Irak se fera sans mandat ONU et la diplomatie Française s'y opposera, déclenchant la vindicte de Donald Rumsfeld et Dick Cheney contre l'hexagone..

Pour servir leurs propres intérêts financiers, Donald Rumsfeld et Dick Cheney trompent l'Amérique et la détourne des vraies priorités :

Ils organisent une destruction de la nation irakienne et son pillage systématique après l'occupation américaine :

La politique de Donald Rumsfeld et Dick Cheney a consisté à dépenser des milliards d'argent public, sans aucun résultats pour le peuple irakien et au seul profit du complexe militaro-industriel dont ils sont les membres les plus imminents.

Par contre, ils laissent les jeunes soldats américains face à tout un peuple irakien entré en rébellion, dans un pays totalement déstructuré et sans aucune perspective politique de sortie du conflit.

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2004 - 2005 : Le terrorisme islamique exporte la guerre d'Irak en Europe

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Depuis l'attaque surprise du 11 Septembre 2001, les USA ont considérablement élevé leur niveau de protection contre le terrorisme. Les terroristes islamiques s'attaquent aux pays européens ayant rejoint la coalition américaine.

La France, s'étant opposée à la 2ème guerre d'Irak, sera épargnée par cette première vague d'attentats des terroristes islamiques en Europe.

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2011- 2013 : Les Printemps Arabes confisqués par les Frères Musulmans

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Pierre Vermeren - Le Figaro 8 Juillet 2017

Quand le Printemps arabe sonne en Tunisie, al-Jezira devient  la caisse de résonance et de diffusion de la révolution en Egypte, en Libye, en Syrie au Bahreïn puis au Yemen, sous la tutelle des Frères.

Car une fois parvenus au pouvoir, en coalition, en situation de monopole, ou les armes à la main, les appétences totalitaires des frères sèment partout tension, terreur ou division     

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2013-2014 : Les régimes arabes chassent les Frères Musulmans du pouvoir

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Pierre Vermeren - Le Figaro 8 Juillet 2017

Face à ces menaces, élites et régimes arabes reprennent partout le contrôle de la situation, souvent avec grande brutalité. En Juillet 2013, l'armée égyptienne sort les Frères du jeu politique. Les Emirats Arabes Unis et l'Egypte décrètent la Confrérie organisation terroriste. Redoutant l'éradication par la force, les Frères tunisiens, sous la houlette de leur rusé patron, acceptent un pacte constitutionnel, renonçant à la charia, à l'inégalité des femmes et acceptant la liberté de cosncience. Cela leur a permis de sauver l'essentiel.

Partout ailleurs, les Frères sont en situation critique. Au Maroc, ils se heurtent au monarque. En Algérie, les élections de 2017 les ont confinés à la marginalité. En Libye, malgré leur coup de force post-électoral de 2014, ils ont échoué à s'emparer de l'Etat et de ses ressources. En Palestine, Israël et l'OLP ont décidé d'en finir avec la domination du Hamas à Gaza. En Syrie, leur coalition, écrasée par la guerre civile, est cantonnée à la défense d'un réduit exsangue au nord du pays.    

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2015 : Les Frères Musulmans se replient sur la Turquie et l'Europe

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Pierre Vermeren - Le Figaro 8 Juillet 2017

Profitant de la dynamique (du Printemps) arabe, les Frères intensifient leur contrôle sur la Turquie (via l'AKP et son président), jusqu'au vrai-faux putsch de l'été 2016. Erdogan offre aux Frères leur plus grand trophée, la Turquie du honni Kémal Attatürk : armée laïque, intellectuels de gauche et Kurdes sont mis échec et mat par le néo-islamisme affairiste et populiste.

En 2017, les Frères sont bloqués dans les pays arabes (où ils ont été partout chassés du pouvoir). Leur salut viendra de la Turquie et de l'Europe Grâce à sa puissance financière autocratique, Erdogan finance les organisations nationales des Frères en Europe - surtout si elles sont turques. La France est une pièce maîtresse dans ce jeu. Personnalités, associations, médias, entreprises, mosquées et compagnons de route des Frères sont parfaitement connus, souvent notabilisés. Ils agissent en toute impunité, comme si le monde arabe était un ailleurs inconnu. Aussi est-il important pour la Turquie d'entrer dans le doccier de l'islam de France, le principal en Europe après la Russie.      

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2012 - 2016 : L'Etat Islamique

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La constitution d'un califat du terrorisme en Syrie et en Irak

18 Décembre 2011 : Les forces armées américaines achèvent leur retrait d'Irak.

De 2012 à 2016, l'Etat Islamique s'empare d'immenses territoires en Irak et en Syrie, d'où il organisme une véritable guerre terroriste contre les pays occidentaux.

En 2012, l'Etat Islamique d'Irak profite de la guerre civile en Syrie pour occuper une grande partie du territoire syrien.

Cette organisation composée de militaires de Sadam Hussein démobilisés par les américains, d'extrémistes sunnites et de criminels venus des pays arabes, du Caucase et de l'Europe, prend le nom d'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), littéralement « État islamique en Irak et dans le Cham », que ses opposants désignent par l'acronyme arabe Daech.

S'étant emparé d'importantes ressources pétrolières, l'Etat Islamique peut financer simultanément sa guerre territoriale en Syrie et en Irak, des attentats partout dans le monde et mettre en oeuvre une propagande pour attirer de nombreux combattants dans le nouveau "Califat" et faire naître des vocations terroristes à l'intérieur même de l'Europe. Il sera d'autant plus facile de frapper l'Occident que celui ci pendant deux ans est incapable de concevoir une riposte :

Les attaques terroristes contre les pays Européens

De 2012 à 2015, la création et la montée en puissance de Daech correspond avec la multiplication des attentats terroristes en France et en Europe. Depuis 2016, l'Etat Islamique n'est plus en mesure d'organiser des attentats de grande ampleur à partir de son territoire. Les attentats proviennent désormais de l'intérieur.

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2017 : La chute de l'Etat Islamique

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Comme durant la guerre d'Algérie, la folie meurtrière des extrémistes de Daech les a conduit à détruire tout ce qui était à la base de leurs succès initiaux :

La disparition de Daech va affaiblir les moyens de financement et de propagande du terrorisme islamique

Le précédent d'Al Qaida de Ben Laden montre qu'une organisation terroriste perd une grande partie de ses moyens d'action et de son prestige après avoir perdu sa base territoriale. La disparition de Daech ne va pas mettre fin au terrorisme islamique dans le monde, mais ce sera un terrorisme déstructuré, éclaté en groupes rivaux, disposants de peu de ressources et pourchassés par les services de sécurité de tous les Etats Occidentaux, Arabes, Russe, Turque ou Iranien. Le terrorisme spontané d'individus isolés n'est que le sous produit de la mythologie du Califat de l'Etat Islamique. Avec la disparition du Califat, la puissance mobilisatrice de la mythologie du terrorisme islamique va retomber à son niveau d'avant la création de l'Etat Islamique en 2012.

La production du département médias de l'EI s'est effondrée entre Août 2015 et Septembre 2016

En Août 2015, au faîte de son pouvoir d'attraction, Daech avait produit 700 éléments de propagande, diffusés sur Twitter, Facebook et les réseaux sociaux. En Septembre 2016, le chiffre est tombé à moins de 200, selon une étude de l'académie militaire West Point.

"Tous les jours, des dihadistes meurent en tournant des images, à tel point qu'aujourd'hui Daech rencontre des problèmes pour transmettre son savoir-faire médiatique. Il est donc normal que la quantité et la qualité des productions de Daech en pâtissent" note Wassim Nasr, spécialiste de la mouvance islamique, auteur d'un documentaire "Le Scénario de la terreur".

Effondrement du nombre de nouveaux candidats au Djihad entre l'été 2015 et l'été 2016

A l'été 2014, date de la proclamation du califat, le contenu des messages montraient un "Etat" en construction avec ses "fonctionnaires" au labeur, ses "policiers" qui faisaient la circulation dans des villes conquises certes par la force, mais où la population semblait continuer d'avoir une vie normale. Grâce à cette "communication positive", les volontaires accouraient du monde entier - 30.000 au pic de l'attraction djihadiste, selon l'administration américaine.

En Septembre 2016, Daech ne peut plus affirmer que les structures de sont Etat sont en voie d'édification, alors qu'en un an, l'EI a perdu plus de la moitié de ses territoires en Irak. En Avril 2016, 200 étrangers seulement cherchaient à franchir la frontière turco-syrienne pour rallier Daech, alors qu'ils étaient dix fois plus un an auparavant.

Les désertions créent une réaction de panique et de paranoïa au sein des terroristes

Signe du désarroi qui s'est emparé de l'Etat Islamique, les vidéos d'exécution de traîtres ou de supposés espions infiltrés dans ses rangs ont supplanté celles montrant "des liquidations de prisonniers ennemis".

Figaro 15 Octobre 2016

Gabriel Martinez Gros, dans Le Point du 24 Août 2017

Professeur d'histoire médiévale et du monde musulman à Paris-X Nanterre. Dernier ouvrage paru :  "Fascination du djihad" (PUF, 2016)

La défaite de Daech ne fera pas reculer le djihadisme

Il est vrai que l'Etat Islamique perd son assise territoriale dans le nord de l'Irak et l'Ouest de la Syrie. Mais le djihadisme ne se résume pas à l'Etat Islamique. De la boucle du Niger aux Philippines, en passant par la Somalie, le Yémen, le Moyen-Orient, le Caucase, l'Afghanistan et le Pakistan, le Bangladesh et l'Indonésie, le djihadisme compte deux ou trois centaines de milliers de combattants en armes, des dizaines de millions de sympathisants.

Mieux vaut Daech vaincu que victorieux. Mais cette défaite n'est pas décisive pour le djihadisme. Pour l'obtenir, l'Occident et la Russie, de fait alliés, se sont en effet appuyés sur des minorités ethniques (les Kurdes, rassemblés par un parti marxiste) et religieuses (le camp chiite), abandonnant à la propagande djihadiste la définition du sunnisme majoritaire (85 % des musulmans du monde). Le djihadisme profresse surtout parce qu'au coeur du monde sunnite (Maroc, Algérie, Egypte, Arabie, Turquie, Pakistan, Indonésie) ses adversaires peinent à lui opposer une autre version de l'islam - peut être même y ont-ils renoncé. De ce fait, l'appui sur les minorités - à l'exception sans doute des chiites - est fragile. Les Berbères marocains, réputés dans l'imaginaire français moins sensibles au radicalisme que le reste de leurs compatriotes, ont nourri au contraire les rangs djihadistes à Bruxelles comme à Barcelone. 

On se focalise sur les terroristes qui reviennent de Syrie, alors que les attaques viennent de l'intérieur

Il ne suffit pas de prendre en garde à quelques centaines d'individus de retour de Syrie, étrangers à notre société, qu'ils attaquent de l'extérieur. L'attentat de Barcelonne vient nous rappeler que les apprentis djihadistes se trouvent pour l'essentiel parmi nous, et qu'un stage en Syrie n'est pas necessaire pour savoir lancer une voiture dans une foule. La haine suffit.

Les djihadistes s'inscrivent dans une action politique et historique. Ce ne sont pas "des fous sans idéologie ni religion".

Décrire les djiadistes comme "des fous sans idéologie ni religion" est un des dénis les plus rassurants, qui amène souvent sur les ondes, au lendemain des attentats, psychologues et psychiatres au chevet de terroristes défunts dont on récrit a posteriori les déséquilibres. Il est clair que certains djihadistes souffrent de troubles du comportement. beaucoup de nazis et de bolcheviks aussi, ce qui n'empêche pas de prendre en considération le nazisme et le bolchevisme, ou le djihadisme, c'est à dire des entités collectives qui dépassent et transcendent les individus et qui font l'histoire. Car la réduction au cas individuel est tout simplement un déni de l'Histoire, que beaucoup de nos médias partagent innocemment avec le régime soviétique. Il confiait lui aussi ses opposants à la psychiatrie. Nous tentons ainsi de priver le djihadisme de son sens politique et historique, mais c'est nous qui renonçons au sens. "Ils sont fous" est un pitoyable aveu qui traduit : "Je n'y comprends rien et d'ailleurs je ne veux pas comprendre".

"L'amour est plus fort que la haine" : un élan de christianisme d'élus de gauche qui dissimule leur interdiction de toute autre référence collective

C'est la déclaration d'Anne Hidalgo - celle d'Ada Colau, maire de Barcelone, ne différait guère. Cet élan de christianisme, un peu étonnant dans la bouche d'élues de gauche, serait mieux partagé s'il ne dissimulait pas l'interdiction de toute autre référence collective : l'histoire, l'origine, l'identité, la nation....sont rigoureusement proscrites du discours autorisé. Le christianisme ne réémerge que par défaut, parce que les instruments de compréhension des destinées collectives privilégiées depuis deux siècles par la modernité, à commence par l'Histoire, sont volontairement réduits au silence. Tout comme le silence des sources radio fait entendre le "bruit de fond" de l'univers, l'occultation des explications de la modernité fait entendre le "bruit de fond" chrétien de notre civilisation. Mais la vision chrétienne ne se préoccupe pas, pour l'essentiel, de ce monde. Question : avons-nous encore la force d'affirmer un sens et de faire notre histoire en ce monde ? 

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Trop de maires de la vieille classe politique continuent de collaborer  avec les salafistes

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La communautarisation reste en pleine action et elle prospère grâce  à la complicité de certains maires, de droite comme de gauche. Certains ont été informés de la tournure que prenaient les évènements dans des mosquées sur leur territoire et ont laissé faire par pur électoralisme. On a aussi laissé les associations cultuelles et culturelles se développer sans réel contrôle.


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